J'ai eu du mal a trouver quelques données pour discuter les assertions de Jean Staune au sujet de l'évolution des Kallima. Mais je les ai et je peux faire une critique illustrée du texte de Staune à ce sujet :
Et là où les choses deviennent extraordinaires c’est que le mycologue Roger Heim, ancien directeur du Muséum National d’Histoire Naturelle a pu identifier quelle espèce précise de champignon était représentée sur les ailes de ce papillon.
Certes, plus le camouflage est parfait, plus cela représente un avantage pour l’animal, dira un darwinien.
Mais voilà pour arriver à son état actuel, un Kallima a dû au fil des générations franchir les étapes suivantes.
1/ Kallima ressemblant déjà à une feuille morte mais sans tâches sur les ailes.
2/ Kallima avec des tâches sur les ailes.
3/ Kallima avec des tâches sur les ailes ressemblant vaguement à un champignon.
4/ Kallima avec des tâches sur les ailes ressemblant vraiment à un champignon.
5/ Kallima avec des tâches sur les ailes ressemblant un peu à une espèce particulière de champignon.
6/ Kallima actuel avec des tâches sur les ailes ressemblant exactement à une espèce particulière de champignon
Or s’il est possible que la sélection naturelle puisse permettre le passage de l’étape 1 à l’étape 2 ou de la 2 à la 3 , le processus s’arrêtera à l’étape 4 ou au mieux à l’étape 5.Car il n’y a pas d’oiseaux « mycologues » capable de manger un « père » se situant à l’étape 5 et de laisser vivre son fils mutant se situant à l’étape 6 en le confondant avec une vraie feuille morte. En d’autre terme, la sélection naturelle n’est pas assez puissante pour que, si l’étape 5 est atteinte et que par hasard une mutation va faire naître un Kallima porteur de tâches ressemblant exactement à un champignon (étape 6) celui-ci soit avantagé au point de remplacer à terme les Kallima « restés » à l’étape 5.
En regardant ses six spécimens de Kallima inachus la première question qu'on se pose est si Roger Heim n'en a vu qu'un seul et unique exemplaire de Kallima avant d'identifier l'espèce précise représentée sur les ailes des Kallima. J'en avais le sentiment en lisant que pas deux exemplaires de ce papillon n'étaient identiques, mais en discutant avec un entomologiste le doute s'était installé quand à la ressemblance éventuelle des motifs. Après avoir admiré la variété des Kallima en direct je me rend compte que les étapes 1 à 6 de la séquence évolutionnaire imaginaire que Jean Staune nous sert ne sont pas.
Qu'un mycologue se prononce au sujet d'un spécimen de papillon en y voyant une ressemblance avec une feuille infestée par un champignon particulier passe encore. Quoiqu'il aurait dû se poser la question de la diversité du caractère.
Que cette observation soit à la base d'élucubrations gratuites destinées à attaquer une théorie scientifique, sans se poser la question de la diversité du trait phénotypique, est caractéristique, d'une part, d'une méconnaissance du sujet, d'autre part, d'une mauvaise foi manifeste. Aggravé par un fameux :
Là, c’est vraiment “l’hospital qui se fout de la charité” : en permanence les darwiniens multiplient les raisonnements ne reposant sur aucune donnée. Ils racontent de jolies histoires parfois crédibles parfois ressemblant à des contes de fées.
[...]
Sur le fond, la séquence présentée ici est de loin la plus crédible car les spécialistes des papillons admettent que la forme “imitation d’un champignon” ne peut apparaître que sur un champignon qui ressemble déjà à une feuille, pour des raisons décrites ci-dessous.
[...]
La séquence que j’ai donnée, ou l’imitation du champignon se développe sur un paillon qui ressemble déjà à une feuille morte est la seule crédible POUR LES DARWINIENS, celle proposé implicitement par V. est profondément non darwinienne- sans qu’il en soit conscient. Ici V. fait du non-darwinisme comme Mr Jourdain faisait de la prose, sans le savoir [source]
Bon, je ne faisais pas du non-darwinisme ce qui doit attrister quelques uns, y compris Jean Staune. La séquence qu'il a donné n'a rien à voir avec les données issues de juste 6 spécimens, il ne s'agit pas de séquence mais de phénotypes co-existents, ce qui était probable, plus probable qu'une séquence.
Il va falloir ranger gentiment cet exemple à la poubelle et Staune devra modifier profondément son chapitre après avoir enlevé l'exemple des Kallima qui lui servait de pivot pour attaquer le darwinisme.
Pour conclure avec ce cas particulier :
Mais j’ai gardé le plus beau pour la finV. disait
« aucune mention de la variance de ces deux traits dans la population actuelle des Kallima »
Bonne intuition Antoine… mais elle porte le coup de grâce au darwinisme dans ce dossier. Car il existe des Kallima imitant des feuilles mortes qui ne portent aucun champignon sur les ailes ! Ils sont restés à la séquence 1. Je suis en train d’essayer de faire vérifier auprès de spécialistes s’ils vivent dans les mêmes biotopes que les Kallima avec champignons sur les ailes. Si c’est le cas V. devra se surpasser en terme de contes de fées pour nous expliquer pourquoi la présence du champignon sur les ailes du Kallima représente un avantage sélectif pour lui !
Si ce n’est pas le cas V. fera la supposition purement gratuite que les prédateurs qui chassent les Kallima sans champignon ONT UNE MOINS BONNE vue que les prédateurs qui chassent les Kallima avec champignons
Supposition très peu crédible car à part les rapaces ( qui ne mangent pas de papillon)les oiseaux vivant dans des forêts denses ont des vues équivalentes. V. devra donc apporter la preuve de son éventuelle future supposition gratuite (les raisonnements darwiniens sont tellement stéréotypés qu’on peut LES PREVOIR à l’avance !)
Jusque là le Kallima restera un emblème pour les non-darwiniens.
L'intuition était vraiment bonne. L'hypothèse de base de la séquence imaginaire de l'évolution des Kallima tombe à l'eau. Pas deux Kallima ne sont identiques et accidentellement certains motifs peuvent ressembler beaucoup à l'une ou l'autre des espèces de champignons qui s'installent sur les feuilles mortes. Mais ce n'est pas un trait stable au sein d'une espèce que de ressembler "exactement à une espèce particulière de champignon".
Ainsi je n'ai même pas besoin d'essayer de traiter le sujet, puisque sujet il n'y en a pas.
Bien entendu les prévisions de Staune au sujet de mes hypothèses quant aux prédateurs des Kallima sont à côté de la plaque. Mais je laisse encore un peu le sujet en stase; qui sait, peut-être que dans un accès de lucidité, ou en avançant des hypothèses au hasard, il pourrait trouver la bonne question. N'est-ce pas ?
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